"Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés." - Saint Paul
Dans certaines traditions, le papillon est une figure de l'âme. Des légendes disent qu'au moment de la mort, un papillon s'échappe de la bouche du défunt.
Le papillon qui va de fleur en fleur est aussi symbole de liberté, d'absence de toute contrainte corporelle. L'insecte est libre d'aller et venir, à sa guise. Malheureusement pour lui, le papillon est aussi celui qui erre sans but précis, qui se disperse sans atteindre son but.
Nous considérons volontiers le papillon comme un symbole de légèreté et d'inconstance. La notion du papillon se brûlant à la chandelle ne nous est pas particulière :
Comme les papillons se hâtent à leur mort dans la flamme brillante, lit-on dans la Bhagavad Gîtâ ainsi les hommes courent à leur perte...Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme; mais deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs; leur vue annonce une visite, ou la mort d'un proche.
Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses :
la chrysalide est l’
œuf qui contient la potentialité de l'être; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C'est encore, si l'on préfère, la sortie du
tombeau. Un symbolisme de cet ordre est utilisé dans le mythe de Psyché, qui est représentée avec des ailes de papillon. Et aussi dans celui de Yuan-k'o, l'Immortel-jardinier, dont la belle épouse enseigne le secret des vers à soie et qui est peut-être elle-même un vers à soie.
Il peut sembler paradoxal que le papillon serve, dans le monde sino-vietnamien, à exprimer un vœu de longévité : cette assimilation résulte d'une homophonie, deux caractères de même prononciation (
t'ie) signifiant respectivement
papillon et
grand âge,
septuagénaire. En outre le papillon est parfois associé au chrysanthème pour symboliser l'automne.
Dans le
Tochmarc Etaine ou
Courtise d’Étain, récit irlandais du cycle mythologique, la déesse, épouse du dieu Mider et symbole de la souveraineté, est transformée en une flaque d'eau par la première épouse du dieu, qui est jalouse. Mais de cette flaque naît, peu de temps après, un ver, qui devient un magnifique papillon, que le texte irlandais appelle quelquefois une mouche; mais le symbolisme est éminemment favorable. Les dieux Mider, puis Oengus, la recueillent et la protègent.
Le symbolisme est celui du papillon, celui de
l'âme débarrasser de son enveloppe charnelle, comme dans la symbolique chrétienne, et devenue bienfaitrice et bienheureuse.
Chez les Aztèques, le papillon est un symbole de l'âme, ou souffle vital, échappé de la bouche de l'agonisant. Un papillon jouant parmi les fleurs représente l'âme d'un guerrier tombé sur les champs de bataille. Les guerriers morts accompagnent le soleil dans la première moitié de sa course visible, jusqu'à midi; ensuite, il redescend sur terre sous forme de colibris ou de papillon.
Toutes ces interprétations découlent probablement de l'association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes. Ainsi le dieu du feu, chez les Aztèques, porte comme emblème un pectoral nommé
papillon d'obsidienne.
L'obsidienne comme le silex est une pierre de feu; on sait qu'elle forme également la lame des couteaux sacrificiels. Le Soleil, dans la maison des Aigles ou Temple des Guerriers, était figuré par une image de papillon.
Symbole du feu solaire et diurne, est pour cette raison de l'âme des guerriers, le papillon est aussi pour les Mexicains un symbole de
soleil noir, traversant les mondes souterrains pendant sa course nocturne. Il est ainsi le symbole du feu chtonien caché, lié à la notion de sacrifice, de mort et de résurrection. C'est alors le papillon d'obsidienne, attribut des divinités chtoniennes, associées à la mort. Da la glyphique aztèque il devint un substitut de la main, comme un signe du nombre 5, nombre du Centre du Monde.
Un apologue des Baluaba et des Lulua du Kansaï (Zaïre central) illustre à la fois l'analogie âme-papillon et le glissement du symbole à l'image. L'homme, disent-ils, suit de la vie à la mort le cycle du papillon : il est dans son enfance une petite chenille, une grande chenille dans sa maturité; il devient chrysalide dans sa vieillesse; sa tombe est le cocon d'où sort son âme, qui s'envole sous la forme d'un papillon; la ponte de ce papillon est l'expression de sa réincarnation. De même, la psychanalyse moderne voit dans le papillon un symbole de renaissance.
Un croyance populaire de l'Antiquité gréco-romaine donnait également à l’âme quittant le corps des morts la forme d'un papillon. Sur les fresques de Pompéi, Psyché est représentée comme une petite fille ailée, semblable à un papillon. Cette croyance se retrouve chez certaines populations turques d'Asie centrale, qui ont subi une influence iranienne et pour lesquelles les défunts peuvent apparaître sous la forme d'un papillon de nuit.
Sources:
: : Dictionnaire des mythes et des symboles - Jean Ferré
: : Dictionnaire des symboles - Jean Chevalier et Alain Gheerbrant